Mathias Duranteau
Né le 10 janvier 2010, Mathias Duranteau commence le violoncelle à l'âge de 6 ans dans la classe de Sandrine Lefebvre (Conservatoire de la Rochelle) et se passionne pour la musique. Il participe à deux reprises au Concours International de violoncelle Louis Rosoor à Bordeaux où il termine à la troisième place en 2017 puis à la deuxième place en 2019. Il intègre une Classe à Horaires Aménagés Musique (CHAM) au collège Eugène Fromentin à La Rochelle et découvre la Musique Assistée par Ordinateur (MAO) sur Ableton Live à 12 ans lors d’un stage avec Elie Zylberman. Alors qu’il termine son second cycle en violoncelle (qu’il obtient avec la mention Très Bien à l’unanimité du jury), il débute en parallèle la MAO avec le Conservatoire de la Rochelle et Sébastien Orzan dans les studios de la Sirène (l’Espace Musiques Actuelles de l’Agglomération de La Rochelle). Il obtient dès sa première année (en avril 2024) son premier cycle de MAO avec la mention Très Bien à l’unanimité du jury.
Dans ses compositions, Mathias Duranteau s’intéresse au croisement entre la musique et les autres formes d'art et particulièrement la musique à l’image. Une de ses compositions « Profondeur » est choisie par la professeur de danse Isabelle Nguyen pour servir de support chorégraphique avec plusieurs représentations entre avril et juin 2024, entre autres lors de la manifestation nationale « 1 km de Danse ». Son interprétation sur scène, au milieu des danseuses, du thème principal au violoncelle est alors intégré dans la chorégraphie. Mathias Duranteau est par ailleurs finaliste de la cinquième saison du concours « Si on lisait à voix haute » organisé par France 5, la Grande Librairie et le Ministère de l’Education Nationale et participe au prime diffusé sur France 5 en juin 2024. Il aborde la lecture à voix haute par le lien à la musicalité. Il est sociétaire Sacem.
Quelques questions sur la création de compositions par ordinateur
Mon « studio » dans ma chambre et mon petit univers
Une de mes compositions « Profondeur » dans une session d’Ableton Live
Dans les studios de la Sirène, avec Sébastien Orzan
Lors du tournage du portrait pour France 5, sur le port de La Rochelle, avec le journaliste Sylvain Pierron (avril 2024)
Participation au Requiem de Fauré et Cantique de Jean Racine, concert dirigé par Michel Piquemal à l’église Notre Dame de La Rochelle (février 2024)
Bonjour Mathias, peux-tu nous expliquer ton processus de création en composition musicale par ordinateur ?
Je ne sais pas si j’ai un processus de création musicale car cela varie d’une composition à une autre. La création en musique à l’image est particulière parce que je visionne plusieurs fois le film pour essayer de sentir les différentes parties et les émotions qui y sont associées. C’est un peu pareil pour la création à partir d’un texte lu où l’intention de l’auteur et le rythme des phrases orientent la composition.
Sinon, quand je pars de rien, c’est souvent une mélodie qui me vient en premier en laissant libre cours à mon imagination avec mon violoncelle ou un clavier. Une fois que j’ai défini ma gamme, j’associe différents instruments jusqu’à ce qu’un univers sonore me plaise. Sur Ableton Live, chaque piste créée correspond à un instrument ou un synthé, c’est-à-dire un son électronique. Et c’est alors que je construis une narration dans le morceau en donnant parfois la place à un thème et à des rythmiques.
Le violoncelle revient régulièrement dans tes compositions mais il y a aussi de nombreux autres instruments que tu ne joues pas. Comment fais-tu pour combiner tout cela ?
Oui ! Le violoncelle à une place très importante dans mes compositions de par ma formation et ma sensibilité. J’enregistre avec un micro toutes les parties au violoncelle, en les jouant moi-même.
En plus de cela, j’utilise beaucoup de banque de son externe à Ableton Live (des plugins) car ce logiciel est beaucoup basé sur la composition électro donc il me manque parfois des sonorités plus orchestrales, comme des violons ou une belle sonorité de piano. Je travaille donc tous les autres instruments avec un clavier midi. Cela permet de jouer tous les instruments, c’est super ! Je peux utiliser des instruments plus rares comme par exemple le duduk (une flûte arménienne) dans le morceau « La nuit », une flûte amérindienne dans « Trail of Light » ou une lyre dans le morceau « L’Océan ».
Est-ce qu’il y a d’autres sons que tu enregistres toi-même à part ton violoncelle ?
Il arrive parfois que je cherche aussi des sonorités particulières et que j’enregistre effectivement moi-même certaines choses. C’est le cas dans le morceau « L’Océan » où je cherchais des bruits métallique très particuliers pour accompagner le mouvement tranchant de bras dans l’air. J’ai utilisé des frottements d’une épée sur un obus de la guerre de 1914 et après pas mal d’essais, j’ai trouvé quelque chose qui m’allait.
Quand sais-tu que ton morceau est fini ?
Ce n’est pas toujours simple de le savoir et il m’arrive de retravailler les morceaux que je pensais avoir terminés. Quand j’ai fini toute la trame narrative du morceau, il faut ensuite travailler sur le mixage. C’est une étape très importante mais je ne suis encore qu'au tout début de ma formation sur cette partie-là. Je m’occupe pour l’instant essentiellement des gains (niveaux des pistes) et de l’Equalizer (gestion des fréquences du son).
Que t’apportent les cours de MAO à la Sirène organisés par le conservatoire de La Rochelle ?
C’est une vraie chance que ces cours soient proposés par le conservatoire de La Rochelle et je remercie Sébastien Orzan pour son accompagnement ! Ce type de création est très technique et il y a beaucoup de choses à apprendre et découvrir. La Sirène (l’Espace de Musique Actuelle de La Rochelle) est un lieu magique et nous avons la chance de travailler dans un studio avec un équipement de grande qualité. C’est aussi la chance de pouvoir échanger entre élèves mais aussi de travailler avec des artistes autour de projets proposés par Sébastien Orzan. Tout ça est très riche !
Quelle place a ta formation classique dans ta création ?
La formation classique reste importante pour moi, je continue de travailler la pratique du violoncelle avec Sandrine Lefebvre, l’orchestre symphonique et la musique de chambre. C’est vraiment avec la composition que j’ai compris l’intérêt de la formation musicale, du solfège. J’ai commencé à travailler le contrepoint avec Aurélien Marion-Gallois, professeur au conservatoire de La Rochelle pour mieux comprendre la composition classique. Pour moi, il n’y a pas de barrières entre composition classique et composition actuelle, tout ça est au service de la création !
Mathias Duranteau